vendredi 27 février 2009

Une interview sympa de Karine Pothin, biologiste à la Réserve Naturelle Marine

Karine Pothin, la nouvelle chargée d'études de la Réserve Naturelle Marine de La Réunion, en charge de la conception du futur plan de gestion, a été interviewée par le site Zinfos974.

Un entretien très "politique" mené par le très partisan directeur de ce site internet (avec des portes ouvertes enfoncées sur l'intérêt de la mobilité pour les étudiants réunionnais, etc...) mais aussi (et c'est pour ça que nous vous en parlons ici!) une dithyrambe sur les récifs artificiels!

"Les récifs artificiels, c'est assez extraordinaire!" (sic! à retrouver dans la vidéo vers 5'22 !)...merci Karine! ;-)




Bonne lecture!

jeudi 19 février 2009

Une réunion d'information sur les récifs artificiels le mardi 17 mars au Port

Réunion ouverte à tous ceux qui se sentent impliqués dans le milieu marin: venez nombreux!

dimanche 8 février 2009

L'Université de La Réunion s'implique dans l'étude des récifs artificiels

En parallèle au programme CORAIL Réunion, le laboratoire ECOMAR (Ecologie Marine) de l'Université de La Réunion coordonne un nouveau projet de recherche, en collaboration avec le Comité des Pêches, l’UR 109 de l’IRD et le bureau d’études PARETO. Baptisé RECOPIC (pour "Rôle des Récifs artificiels sur l’ECOlogie alimentaire de Poissons d’Intérêt Commercial"), ce projet de recherche va apporter une contribution nouvelle et fondamentale au suivi scientifique du programme lancé par le Comité des Pêches.

Il a pour objectif principal d’apporter de meilleures connaissances des écosystèmes marins côtiers non récifaux du littoral ouest de l’île de la Réunion.

Plus particulièrement, l’étude se focalisera sur la structure et le fonctionnement du réseau trophique associé aux récifs artificiels de la Baie de la Possession et du littoral de St Leu. Cette étude préliminaire a pour but de tester si la présence d’une structure artificielle a une influence sur l’écologie alimentaire des poissons qui y sont associés.

Pour cela le régime alimentaire d’espèces de poissons, d’intérêt commercial en particulier, sera étudié et la composition du bol alimentaire sera comparée aux sources de nourriture disponible à proximité immédiate des récifs (sédiments et colonne d’eau).
Dans ce but, des prélèvements de sédiments, de plancton et d’organismes fixés sur les structures seront réalisés et des pêches seront effectuées pour pouvoir analyser les contenus stomacaux des poissons. Une analyse des signatures en isotope stable du carbone et d’azote («Nous sommes ce que nous mangeons«, en d’autres termes la signature des molécules biologiques de nos tissus est fonction, de manière prédictible, de celle des molécules de notre alimentation...) des poissons, des principaux producteurs primaires et de plusieurs compartiments sera également réalisée. Cette analyse permettra d’identifier les relations trophiques au sein de l’écosystème ainsi que les principales sources de carbone dont dépendent les poissons pour leur alimentation.

En parallèle seront échantillonnés la macrofaune des sédiments, les organismes fixés sur les structures et certaines fractions du zooplancton pour en déterminer la signature isotopique.


La confrontation de la disponibilité de ces organismes dans le milieu naturel avec la composition du régime alimentaire et les signatures isotopiques des différents compartiments étudiés permettra de comprendre l’importance des récifs artificiels dans l’écologie alimentation des poissons qui y sont associés et ainsi identifier si ces structures ont un rôle dans la production d’une biomasse additionnelle ou si elles concentrent simplement les espèces en leurs procurant des habitats.



Les sites d’étude sont les récifs artificiels de la Baie de la Possession et de St Leu.



Ce projet bénéficie d'un financement sur convention Région Réunion – Université de la Réunion.



Pour plus d'informations sur ce projet de recherche innovant, contactez Sébastien Jaquemet, le responsable du projet à son adresse mel suivante:

sebastien[DOT]jaquemet[AT]univ-reunion[DOT]fr

mardi 3 février 2009

Mathieu Pinault, un nouveau doctorant sur les récifs artificiels

Mathieu Pinault commence tout juste son travail de thèse doctorale sur les récifs artificiels de La Réunion: nous lui donnons ici la parole pour qu'il se présente et présente son travail, en lui souhaitant bon courage et bonne réussite pour ces 3 ans de labeur...mais aussi de passion!


- Peux-tu présenter ton parcours et comment tu en es venu à t'engager dans une thèse sur les récifs artificiels à La Réunion?Malgré mes origines purement continentales (région orléanaise) j’ai toujours été attiré par la mer et ses habitants. Je pratique la plongée sous-marine depuis mes 11 ans, mais j’ai réellement commencé à aborder l’environnement marin lors de mon année de licence en 2000 au Centre d’Océanologie de Marseille.

Ma formation universitaire, notamment mes années de Maîtrise puis de Master, m’a ensuite permis d’aborder des problématiques très concrètes liant les usages humains aux enjeux de préservation des écosystèmes. Quand l’opportunité s’est présentée d’être embauché par l’ARVAM en 2005 puis par PARETO en 2006 j’ai naturellement été séduit par les problématiques abordées par ces sociétés qui participent depuis 1991 à adapter les outils de Gestion Intégrée de la Zone Côtière aux spécificités de La Réunion et de l’Océan Indien.

Les problématiques liées à la mise en place et l’estimation du potentiel de Récifs Artificiels de petites tailles à La Réunion ne date d’ailleurs pas d’hier puisque l’ARVAM et le CRPMEM étudiaient déjà en 1998 les récifs artificiels de la baie de Saint Paul et le recrutement larvaire en zones à habitat limité à la Réunion. En 2005 Emmanuel Tessier, alors chargé de mission au CRPMEM de La Réunion a présenté une thèse doctorale sur le potentiel halieutique d’une série de petites structures immergées par 15m de fond en baie de La Possession.

C’est en m’appuyant sur ces expériences, tant sur leurs promesses que sur leurs limites que mon idée de développer un nouvel outil de gestion, basé sur de petites structures artificielles installées judicieusement au sein d’un ensemble d’habitats naturels plus ou moins fragmentés m’est venue. Le choix d’une thèse menée sous la tutelle de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes de Perpignan et financée en partie par une bourse d’études CIFRE dont la spécificité est d’être attribuée à des projets de recherche appliqués, développés en entreprise s’est rapidement imposé.


- Peux-tu présenter rapidement ton sujet et la problématique de ta thèse ?

Le sujet de ma thèse se positionne comme la suite logique des précédentes études en ayant pour objectif principal d’évaluer les flux de poissons de fonds entre leurs habitats naturels essentiels (nurseries, nourrissage) et les milieux artificiels installés (habitats intermédiaires) (cf. Figure suivante, cliquez pour agrandir!). Cette approche novatrice des Récifs Artificiels devrait aboutir à un outil d’aide à la décision susceptible d’appuyer le Maître d’Ouvrage dans sa recherche architecturale, de dimensionnement, de sites d’accueil et d’évaluation des bénéfices écologiques et halieutiques directs et indirects générés par de nouveaux aménagements.



(cliquez dessus pour agrandir!)



- En quoi cette thèse est originale et peut apporter quelque chose de neuf sur le sujet ?
Pour résumer brièvement l’hypothèse de base, les poissons de fond comme les vivaneaux, très nombreux sur les structures artificielles, subissent au cours de leur existence plusieurs mutations organiques profondes qui influencent fortement leur comportement tant social qu’alimentaire ou de reproduction. Ces mutations sont souvent assorties de modifications phénotypiques et physiologiques qui poussent l’individu à entamer des migrations d’un habitat essentiel à un autre, comme le Bernard l’Hermite est amené à abandonner sa coquille pour en chercher une nouvelle plus adaptée aux besoins liés à son stade de maturité.

Au cours de chaque migration, le poisson va abandonner son écosystème initial et traverser des zones potentiellement impropres à son développement pérenne, que l’on nome écotones, pour rejoindre son écosystème de destination. Lorsque l’écosystème initial et celui de destination son juxtaposés, la migration se fait aisément et les mortalités sont faibles, mais lorsque, comme dans la plupart des cas, ces deux écosystèmes sont fragmentés ou séparés par un vaste écotone potentiellement hostile (absence d’habitat refuge et présence de prédateurs opportunistes), le poissons va emprunter le chemin qu’il estime le plus opportun (cf. Figure suivante). Ce chemin, appelé corridor écologique, est préférentiellement choisi en fonction de divers facteurs environnementaux allant de la topographie des fonds, à la courantologie générale.

Migrations entre habitats essentiels des poissons en (a) écosystème continu et en (b) écosystème fragmenté (d'après Jessica GARCIA, doctorante EPHE, Université de Perpignan)

L’objectif du travail réalisé en collaboration avec le CRPMEM de La Réunion et L’Ecole Pratique des Hautes Etudes de Perpignan est d’intégrer les Récifs Artificiel au sein de cette dynamique naturelle dans un but de soutien des processus migratoires par l’immersion d’habitats intermédiaires positionnés judicieusement le long de corridors écologiques.

Cette approche novatrice tend à quantifier ou tout du moins évaluer le bénéfice écologique indirect généré par l’immersion de récifs artificiels conçus pour le soutien de populations halieutiques naturelles et non de quantifier le bénéfice halieutique directement exploitable sur les structures dont il est généralement question dans les études relatives aux récifs artificiels. En outre, cette thèse a l’originalité d’aborder la notion d’habitat artificiel sous un angle très spatialisé, basé sur la connectivité des habitats artificiels avec les milieux naturels environnants.


- Que penses-tu que le développement des récifs artificiels peut apporter pour les pêcheurs réunionnais et pour le milieu marin côtier ?Les potentialités des récifs artificiels sont innombrables tant d’un point de vue halieutique qu’en tant qu’outil de préservation de la biodiversité. En effet, il est fréquemment admis que de nombreuses espèces terrestres comme marines disparaissent ou se raréfient drastiquement à cause de la disparition de certains de leurs habitats essentiels. Certaines espèces de poissons de fonds semblent ainsi se raréfier sous l’effet de la pêche bien sûr, mais également de la fragmentation des habitats rocheux profonds (qui semblent représenter un habitat essentiel des populations adultes reproductrices) lors de travaux portuaires par exemple ou le remplacement progressif des cordons à galets par des littoraux bétonnés aux capacités de recrutement larvaire et de juvéniles bien inférieures.

La diversité d’architectures, de matériaux de construction, de volumes, de profondeurs d’immersions possibles renforce les potentialités offertes par les Récifs Artificiels qui peuvent tantôt jouer le rôle de nurseries, d’habitats intermédiaires ou d’habitats essentiels adultes directement exploitables. En revanche les quantités de structures à immerger varient énormément en fonction du rôle recherché et les mesures dédiées à remplacer la fonctionnalité d’un milieu naturel dégradé devront prendre en compte cet aspect halieutique dont dépendent de nombreux métiers.

Il est important qu’un débat actif et honnête soit mené sur les besoins réels nécessaires au redressement des populations halieutiques et de la pêche, tant traditionnelle que professionnelle, car si les récifs artificiels sont porteur d’énormément d’espoirs, leur efficacité et leur rendement n’en sont pas moins régis par certaines règles qu’il ne faut en aucun cas outrepasser (volumes minimums d’immersion, recherches architecturales, stratégies d’aménagement, profondeurs d’immersion, etc.). Sans une approche pragmatique et empirique des réelles potentialités écologiques apportées directement et indirectement par l’immersion de Récifs Artificiels, de nombreuses dérives susceptibles de décrédibiliser cet outil prometteur sont à craindre. En halieutique et en écologie comme dans beaucoup d’autres domaines, il faut savoir se donner les moyens de ses ambitions.

- Question subsidiaire : quels sont selon toi les sites du littoral réunionnais sur lesquels l'installation de récifs artificiels est la plus intéressante ?Le littoral réunionnais est constitué d’une grande majorité de milieux non récifaux, dont les potentialités naturelles halieutiques et écologiques sont très variables. Le choix d’un site d’installation de récifs artificiels peut être influencé par divers facteurs biotiques (espèces rares ou d’intérêt halieutique présentes sur site) et abiotiques (nature du substrat, géomorphologie, hydrodynamisme).

En règle générale, on estime que l’efficacité du récif artificiel sera maximale s’il est relativement éloigné (plusieurs centaines de mètres à quelques kilomètres) de milieux riches ou à forte potentialité ce qui en fait un outil idéal pour l’amélioration de la connectivité entre habitats fragmentés ou distants. Ces structures permettent ainsi aux populations de poissons d’effectuer des "sauts de puces" d’un récif artificiel à l’autre, en y résidant un temps variable, jusqu’à leur habitat essentiel définitif. Ce phénomène se traduit en écologie du paysage par la théorie de percolation.

Les zones sableuses, très nombreuses sur les secteurs Nord-Ouest (La Possession, Saint Paul), Ouest (Saint-Leu, Saint-Gilles) et Est (Saint-André, Sainte-Marie) de l’île, vastes écotones aux potentialités écologiques et halieutiques relativement faibles, pourraient être d’excellents sites d’installation de structures artificielles, tant en terme d’amélioration des connectivités entre habitats essentiels que de création de nouveaux sites de pêche ; à condition, bien sûr, d’en évaluer la fonctionnalité et d’adapter la politique d’immersion aux réalités écologiques et socioéconomiques locales.

Merci et encore bon courage!
Pour contacter Mathieu Pinault, contactez le à l'adresse suivante:
mpinault[DOT]pareto[AT]orange[DOT]fr